Les littératies sont des pratiques de l’écrit comportant des normes et mobilisant des outils (matériels ou intellectuelles) et des opérations tributaires du contexte d’où elles émergent (inspiré de Delcambre et Lahanier-Reuter, 2012). Elles impliquent la lecture, l’écriture, mais aussi l’expression orale et sa réception.
En outre, il existe des compétences en littératie. Celles-ci se définissent comme une capacité à utiliser le langage dans une société de l’écrit afin d’apprendre, de communiquer et de traiter l’information de manière efficace et responsable. Ces compétences permettent de fonctionner et d’assurer son développement en société de manière autonome.
Le concept de littératies repose sur l’idée que l’information et les signes s’ancrent dans des contextes organisés relevant de « cultures ». Ces cultures peuvent reposer sur les contraintes et possibilités qu’offre un support (littératie numérique, littératie orale), sur les conceptions et usages en place dans un système (littératie familiale, littératie scolaire, littératie professionnelle) ou sur les objectifs et représentations épistémiques des individus dans ces cultures (littératie disciplinaire). Dans les faits, toutes les littératies reposent dans différentes mesures sur l’ensemble des facteurs précédemment mentionnés (contraintes et possibilités, conceptions et usages, objectifs et représentations épistémiques). Elles sont donc un système de médiation qui structure l’information et les signes.
Appréhender une littératie spécifique implique que l’on connaît les normes (contraintes, possibilités, usages courants) et que l’on comprend la logique (objectifs, conceptions et représentations) qui sous-tend cette culture des signes et de l’information ; il est à noter que les normes et la logique sont intimement liées. L’appréhension d’une littératie permet de cerner les attentes liées à celle-ci (planification, évaluation), les possibilités d’adaptation qui y existent (jugement, autorégulation) ainsi que la manière dont il convient de traiter ou d’utiliser l’information ou les signes (évaluation, régulation).
L’axe conceptuel repose sur la représentation que l’individu se fait d’une littératie. Exemple : Selon qu’un individu a une conception commune ou scientifique de l’écrit, celui-ci percevra l’écriture comme un média d’une pensée « déjà là » ou comme un exercice permettant la construction de la pensée.
L’axe affectif repose sur les émotions que ressent l’individu lors de son interaction avec une littératie. Exemple : Un élève ayant des difficultés à lire en contexte scolaire pourra ressentir de la honte ou de l’anxiété face à une tâche impliquant une lecture complexe.
L’axe axiologique repose sur la valeur accordée à une littératie ou à des pratiques liées à une littératie. Exemple : Une famille peut accorder de l’importance à la lecture et aux livres (dans l’absolu, perception de compétence respectable ou d’objets précieux) ou, au contraire, percevoir ces éléments comme peu utiles ou peu importants.
L’axe praxéologique repose sur les jugements que l’on pose sur ses pratiques liées à une littératie. Exemple : Une personne habituée à rédiger rapidement des textes scolaires bien reçus des personnes enseignantes jugera la rédaction de ce type d’écrit aisé.
Les compétences en littératie reposent sur les capacités et les habiletés grâce auxquelles un individu parvient à interagir avec différentes littératies. Ces compétences comportent des dimensions cognitive (connaissances linguistiques et de diverses littératies, vocabulaire), métacognitive (stratégies de traitement de l’information) et autorégulatrice (capacités d’anticipation, d’évaluation, de régulation de l’action).
Les degrés des compétences en littératie se déclinent selon de nombreux niveaux et se placent sur un continuum allant de la capacité à interagir avec une littératie simple et familière jusqu’à une capacité à interagir avec une littératie complexe et peu familière.
On entend par littératie simple et familière un texte court s’insérant dans un contexte connu ou précis, mobilisant des normes et un vocabulaire connus, comportant un nombre restreint d’éléments rapprochés à considérer et tenant un propos explicite sur un objet ou sujet concret ; par exemple, un menu dans un restaurant familial ou un horaire d’autobus.
On entend par littératie complexe et peu familière un texte long s’insérant dans un contexte peu connu ou imprécis, mobilisant des normes et un vocabulaire peu connus, comportant un nombre important d’éléments éloignés à considérer et tenant un propos implicite sur un objet ou sujet abstrait exigeant plusieurs degrés d’inférences ; par exemple, un article scientifique proposant un examen approfondi, critique et nuancé d’une théorie connue d’un public spécialisé.
Définitions adoptées par le LabSEL, septembre 2023
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