Comment évaluer l’oralité?

Comment évaluer l’oralité… après tout, on dit que la parole s’envole alors que les écrits restent… et pourtant, plusieurs options s’offrent au personnel enseignant.

D’abord, souhaite-t-on prendre du temps pour enseigner la communication orale de manière explicite?

      • Si non, il conviendrait de limiter les attentes, par exemple en prenant en compte les caractéristiques distinctives de l’oralité (voir tableau ci-bas). Dans ces cas, il serait plus à propos de limiter l’évaluation orale à des exercices formatifs basés sur « une réflexion critique de leur prise de parole » (Dumais, 2017, p.17).

Différences distinctives propre aux médiums de l’oral ou de l’écrit (Dumais et Ostiguy, 2019)

      • Si oui, l’enseignant ou l’enseignante peut avoir des attentes plus hautes, proportionnelles au nombre d’opportunités de mise en œuvre qu’il aura données aux élèves. En clarifiant les attentes, l’enseignant ou l’enseignante peut utiliser une grille d’observation précise. Cela ouvre la possibilité « d’inclure les étudiants dans le processus d’évaluation en leur demandant d’évaluer leurs pairs de façon formative [à l’aide d’une] grille d’observation des faits observables ou audibles en lien avec les éléments enseignés, et ce, pour la prise de parole de chacun des étudiants du groupe » (Dumais, 2017, p.17). L’objectif de cette grille est de décrire, le plus précisément possible, ce qui est vu et entendu afin, par la suite, de soumettre ces observations à une évaluation a posteriori. On peut réunir les élèves en petits groupes (sans la personne évaluée) et demander de partager entre eux et elles leurs observations et de faire une synthèse des points les plus importants à retenir (par exemple, deux points positifs et deux points à améliorer) avant de la partager au locuteur ou à locutrice. Cela permet des échanges plus authentiques tout en ménageant l’individu évalué.

Ceci dit, il demeure plus prudent, voire plus efficace, selon la dynamique du groupe ou la personnalité des élèves, de faire « faire [aux étudiants] un travail réflexif sur [leur] propre prise de parole […]. En effet, si la prise de parole de l’élève a pu être filmée ou enregistrée, ce dernier pourra la visionner ou l’écouter autant de fois qu’il le souhaite » (Dumais, 2017, p.18).

Comment choisir les critères d’évaluation?

Le LabSEL propose de considérer les compétences orales selon l’ancrage dans la situation d’énonciation; celle-ci peut être préparée ou spontanée, solitaire ou interactive.

Attentes cohérentes aux situations orales en contexte d’apprentissage*

* Ces critères s’appliquent particulièrement à des contextes d’apprentissage ; on peut, dans d’autres contextes, avoir des attentes différentes et nous convenons qu’un bon orateur et une bonne oratrice saura exploiter toutes ces dimensions en toute circonstance. Il est aussi à noter que l’utilisation du numérique peut complexifier ce schéma en ajoutant la dimension du « différé/direct » à ce portrait.

** D’autres attentes quant au contenu des propos s’ajouteront selon le type et le sujet de la communication préparée (créativité, esthétique du langage (slam ou poésie orale) ou rigueur des arguments (débat), par exemple).

Quels indicateurs de qualité en contexte de discussion?

Actes d’interactions3
    • Prendre la parole
    • Se taire
    • Écouter
    • Prendre des notes
    • Réagir (expression faciale, langage corporel)
    • Se garder de réagir (expression faciale, langage corporel)
    • Approuver
    • Désapprouver
    • Émettre des jugements
    • Regarder la personne qui parle
    • Regarder plusieurs personnes
    • Poser des questions
    • Reformuler (ses propos, ceux des autres)4
    • S’autocorriger
    • Se rétracter
    • Signifier qu’on a changé d’idée, d’opinion
    • Définir
    • Formuler des hypothèses
    • Donner des raisons
    • Réfléchir sur les opinions, éléments, arguments
    • Comparer les opinions, éléments, arguments
    • Évaluer les opinions, éléments, arguments
    • Faire une synthèse des opinions, éléments, arguments
    • Identifier des conséquences, les implications
    • Imaginer différents contextes
    • Faire des liens
    • Utiliser des exemples
    • Faire des analogies
    • Proposer des contre-exemples
    • Se prendre en exemple
    • Prendre les autres en exemple
    • Complimenter, féliciter, encourager



Comment enseigner/évaluer l’oralité?

Quelles activités d’enseignement peuvent être mise en place en classe pour soutenir les élèves dans le développement de leurs compétences orales? Voici quelques exemples :

      • Mise en évidence des dimensions à prioriser selon le cadre visé (voir les cadrans, plus haut);
      • Déterminer les caractéristiques du genre oral visé en s’inspirant du modèle du genre textuel ;
      • Réaliser une modélisation à l’aide d’un enregistrement d’une performance orale (que l’on met sur pause pour commenter l’action)
      • Écouter plusieurs exemples d’un même genre oral afin d’aider les élèves à en identifier les caractéristiques spécifiques;
      • Faire pratiquer les élèves et les amener à évaluer leurs compétences orales (autoévaluation, entre pairs)
      • Prise de notes à partir d’une grille d’observation déterminée selon les caractéristiques du genre oral ou des indicateurs d’actes d’interaction lors de l’écoute d’un discours oral différé (enregistré).

Références : 

      1. Prosodie : intonation montante ou descendante, débit, pause, accentuation, etc.
      2. Pour des conseils explicites sur les situations orales sans interaction (ou peu d’interactions), voir les capsules du CREMA #8, #9 et #10 disponibles ici <https://www.youtube.com/playlist?list=PLAMDC-sC1fz8laXqMbVbqRxX7PSwGCTxB>
      3. Inspiré de Debbs, M.-E. (2019). La communauté de recherche philosophique, une application possible. Atelier présenté au 39e colloque de l’AQPC, 6 juin.
      4. Pour des conseils explicites sur la stratégie de reformulation, voir les capsules du CREMA disponibles ici < https://www.youtube.com/watch?v=wthkrtstHzI&list=PLAMDC-sC1fz8laXqMbVbqRxX7PSwGCTxB&index=13&t=0s>